Suspended wives

Une voix calme à la radio lit une liste de convocations au tribunal. Il s'agit de demandes de divorce déposées par des femmes dont les maris les ont abandonnées et ont disparu il y a des années. Ces maris doivent désormais comparaître devant le tribunal dans un délai d'un mois. En cas de non-respect, leur mariage sera automatiquement dissous. Ce scénario déchirant illustre une fracture profonde entre les sexes dans le paysage juridique marocain. Ici, les hommes ont le privilège de se remarier six mois seulement après leur séparation, leur chemin vers les retrouvailles semblant sans entraves. Cependant, il n'en va pas de même pour les femmes, qui se retrouvent piégées dans les méandres de la bureaucratie lorsqu'elles tentent de s'y retrouver dans la procédure complexe du divorce. Dans cette lutte, la balance de la justice semble pencher lourdement en leur défaveur. Dans cette mosaïque d'espoir et de lutte, nous rencontrons Latifa, Saadia et Ghita, des femmes déterminées qui cherchent à rompre les liens avec des maris disparus dans les annales de l'histoire, laissant derrière elles non seulement des vœux brisés, mais aussi des enfants abandonnés. « Femmes suspendues », portrait éloquent de la réalisatrice Merième Addou, accompagne ces trois femmes courageuses dans un voyage poignant. Leur odyssée se déroule dans une société profondément ancrée dans des structures patriarcales apparemment impénétrables, où d'énormes obstacles bureaucratiques se dressent comme de redoutables adversaires sur le chemin de l'émancipation. Au fil du film, nous sommes témoins de leur esprit indomptable, de leur détermination et du récit captivant de leur quête d'autonomie dans un monde souvent impitoyable.